Je suis

E.A. Bremicker

A plusieurs reprises, dans l'Ancien Testament, nous entendons la déclaration solennelle de Dieu: «Je suis…». Et dans le Nouveau, le Seigneur lui-même utilise ces mots pour témoigner de ce qu'il est.

«Je suis» dans le premier livre de la Bible

Dans chaque expression «Je suis…», nous pouvons distinguer un élément de la grandeur et de l'infini de notre Dieu — ce qui nous conduit à l'admirer et à l'adorer. Selon ce qui nous est rapporté dans la Genèse, «le croyant Abraham» est le premier homme qui a entendu ces mots sortir de la bouche de Dieu. Le Tout-Puissant est venu à lui avec la promesse: «Ne crains point; moi, je suis ton bouclier et ta très grande récompense» (15:1). Le patriarche pouvait apprendre par là ce que Dieu était pour lui. Ensuite Dieu lui a donné ce qui constitue les deux grandes révélations de l'Ancien Testament relativement à ce qu'il est en lui-même. «Et il lui dit: Moi, je suis l'Éternel, qui t'ai fait sortir d'Ur des Chaldéens, afin de te donner ce pays-ci pour le posséder» (verset 7). Et plus loin: «Et Abram était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans; et l'Éternel apparut à Abram, et lui dit: Je suis le Dieu tout-puissant; marche devant ma face, et sois parfait» (17:1).

Même si nous avons le privilège de connaître Dieu comme notre Père en Christ, il demeure aussi pour nous Celui qui est immuable — l'Éternel, le Rocher des siècles — et le Tout-Puissant, pour lequel rien n'est trop petit ni trop grand, et en qui nous pouvons mettre toute notre confiance.

«Je suis» dans le dernier livre de la Bible

Tout au long des Écritures, et de diverses manières, Dieu continue à révéler ce qu'il est. Dans le Nouveau Testament, cette révélation s'enrichit de façon merveilleuse, car Dieu parle «dans le Fils» (cf. Hébreux 1:2). L'évangile de Jean, en particulier, nous rapporte plusieurs déclarations «Je suis…» exprimées par le Seigneur.

Dans l'Apocalypse, le Seigneur Jésus se présente encore une fois en déclarant ce qu'il est. Au moment où il confie à Jean sa mission, il déclare: «Moi, je suis l'alpha et l'oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, et qui était, et qui vient, le Tout-Puissant». «Ne crains point; moi, je suis le premier et le dernier, et le vivant; et j'ai été mort; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles; et je tiens les clefs de la mort et du hadès» (1:8, 17, 18). Et dans le dernier chapitre du livre, il répète: «Moi, je suis l'alpha et l'oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin» (22:13).

L'Apocalypse est un livre de jugements. Il nous montre la fin des voies de Dieu en rapport avec cette terre et avec les hommes qui y vivent. Le Seigneur Jésus apparaît comme Juge pour mettre de côté tout ce qui n'est pas en accord avec Dieu. Dans ce contexte, c'est un encouragement particulier pour les croyants de se souvenir qu'il est l'alpha et l'oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. Notre Seigneur est éternel. Il était, avant que cette création ne soit appelée à l'existence; et il sera toujours, alors que les cieux et la terre de maintenant auront depuis longtemps disparu sous son jugement.

Et pourtant, ce n'est pas sur cette pensée de jugement que se clôt l'Apocalypse. Encore une fois dans les derniers versets, nous entendons le Seigneur Jésus se présenter par un «Je suis…». Arrêtons-nous un moment sur cet ultime message. «Moi, Jésus, j'ai envoyé mon ange pour vous rendre témoignage de ces choses dans les assemblées. Moi, je suis la racine et la postérité de David, l'étoile brillante du matin» (22:16).

Moi, Jésus

Il ne peut y avoir le moindre doute quant à la personne qui nous parle maintenant — tout à la fin de la Bible: c'est Jésus lui-même. Il se présente par son nom d'homme. En tant que «Jésus de Nazareth», il a vécu sur cette terre, il est mort sur la croix et il est ressuscité en vainqueur. C'est lui dont Pierre peut dire: «Jésus le Nazaréen, homme approuvé de Dieu auprès de vous par les miracles et les prodiges…» (Actes des Apôtres 2:22). A Joseph, le mari de Marie, il avait été dit avant sa naissance: «Tu appelleras son nom Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés» (Matthieu 1:21). Nous avons devant nous celui qui «nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous» (Éphésiens 5:2). Il se présente lui-même encore une fois dans toute sa grandeur afin que nous ayons un sentiment profond de la gloire de sa personne.

J'ai envoyé mon ange

Le Seigneur Jésus avait envoyé son ange pour rendre témoignage dans les assemblées de ce qui est révélé dans l'Apocalypse (cf. 1:1). Ce n'est pas la révélation de Jean, mais la «Révélation de Jésus Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt». Il a transmis cette révélation à Jean au moyen d'un ange afin qu'elle puisse être communiquée aux assemblées. La description des jugements qui remplissent ce livre est ainsi donnée de manière indirecte, par l'ange du Seigneur. Mais maintenant, à la fin du livre, alors que la description des jugements est terminée, ce n'est plus un ange que nous entendons parler, mais le Seigneur lui-même. Il est là personnellement.

Il se présente sous un double aspect:

1° Je suis la racine et la postérité de David

Nous trouvons ici une nouvelle allusion au mystère de son Etre merveilleux: Dieu et homme dans la même personne! Il est le Dieu éternel — et David lui doit sa vie et son existence. En même temps, il est parfaitement homme — et à cet égard, il est descendant de David. L'apôtre Paul réunit aussi ces deux éléments lorsqu'il dit: Les «Israélites… desquels, selon la chair, est issu le Christ, qui est sur toutes choses Dieu béni éternellement. Amen!» (Romains 9:4, 5). Nous pouvons voir distinctement ces deux aspects — tout en prenant garde de ne pas les séparer — mais nous ne pouvons pas comprendre comment ils s'allient. La personne de Christ est et reste un mystère insondable. Le Seigneur Jésus est un vrai homme. Il est né d'une femme et a vécu sur cette terre. En même temps il n'a jamais cessé d'être le Dieu éternel. Même lorsqu'il était un nouveau-né, emmailloté et couché dans une crèche, il était le Dieu créateur qui soutient toutes choses par la parole de sa puissance (Hébreux 1:3).

2° Je suis l'étoile brillante du matin

Il est l'espérance et l'attente des croyants durant la période de la grâce. C'est en vain que nous chercherions dans l'Ancien Testament une allusion à l'étoile du matin. Le Seigneur s'y présente — conformément à ce qu'attendaient les Juifs — comme le Soleil de justice. Dans le dernier livre de l'Ancien Testament, nous lisons: «Pour vous qui craignez mon nom, se lèvera le soleil de justice; et la guérison sera dans ses ailes» (Malachie 4:2). «Le soleil de justice» se rapporte au «jour du Seigneur», au gouvernement glorieux du Messie pendant le règne de mille ans. Le peuple juif, ayant rejeté la lumière que Jésus a fait briller lors de sa venue sur la terre, est resté dans les ténèbres. Ces ténèbres prendront fin lorsqu'il viendra pour régner sur la terre et qu'il apparaîtra comme le «soleil de justice».

Bien que nous, chrétiens, nous devions aussi avoir notre part à ce règne — car Dieu nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire, selon 1 Thessaloniciens 2:12 — notre espérance immédiate est dirigée vers le retour du Seigneur Jésus pour nous prendre auprès de lui. C'est pourquoi, dans le Nouveau Testament, il est présenté comme «l'étoile du matin», et cela à trois reprises:

  • En relation avec «la parole prophétique», Pierre parle de «l'étoile du matin» «levée dans vos cœurs» (2 Pierre 1:19).
  • Aux vainqueurs de Thyatire, l'étoile du matin est promise comme récompense: «Je lui donnerai l'étoile du matin» (Apocalypse 2:28).
  • Et notre verset nous révèle clairement qui est cette étoile du matin: nul autre que le Seigneur Jésus lui-même. Il est l'espérance de nos cœurs; c'est lui que nous attendons.

L'étoile du matin devient visible juste avant la fin de la nuit et le lever du soleil. Jésus va venir pour nous prendre auprès de lui avant que «le jour du Seigneur» arrive et que «le soleil de justice» se lève. Le début de ce «jour du Seigneur» sera marqué par une grande tribulation et des jugements. C'est «l'heure de l'épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière» (Apocalypse 3:10), et c'est ce qui fait le sujet de l'Apocalypse. Nous serons préservés de ces jugements parce que le Seigneur Jésus reviendra auparavant, comme «l'étoile du matin», pour nous prendre auprès de lui.

Cette étoile est-elle réellement levée dans nos cœurs? Attendons-nous vraiment Jésus chaque jour? Est-il pratiquement l'espérance de notre vie? N'éludons pas ces questions, mais prenons-les à cœur. Ce qui est terrestre (peut-être même le monde) est, hélas! souvent si important pour nous que la lumière de l'étoile du matin ne luit que faiblement dans nos cœurs — si même elle brille encore.

La réponse de l'Épouse

Les paroles que le Seigneur vient de prononcer produisent dans le cœur de l'Épouse une réponse sans équivoque. L'Esprit opère en elle pour l'exprimer. «L'Esprit et l'épouse disent: Viens. Et que celui qui entend dise: Viens. Et que celui qui a soif vienne; que celui qui veut prenne gratuitement de l'eau de la vie» (Apocalypse 22:17).

Il y a trois éléments dans cette réponse:

  • L'Épouse s'adresse directement à l'Epoux et dit: «Viens». Elle l'attend. Elle désire voir l'Etoile brillante du matin et être pour toujours unie avec son Epoux. Elle attend les noces de l'Agneau, et le bonheur d'être éternellement auprès de Lui.
  • Elle s'adresse ensuite à ceux qui certes connaissent l'Epoux, mais qui ne disent pas encore: «Viens». Il y a beaucoup de croyants qui sont convaincus que le Seigneur Jésus est mort pour eux, mais qui ne le connaissent pas comme l'Etoile brillante du matin. L'espérance chrétienne ne leur est pas connue. Nous avons vis-à-vis d'eux un devoir afin qu'ils puissent exprimer avec nous l'appel: «Viens».
  • L'Épouse s'adresse enfin à ceux qui n'ont encore aucune part au retour du Seigneur pour les siens. Ce sont toutes les personnes autour de nous qui, jusqu'à présent, n'ont pas encore reçu l'offre gratuite de «l'eau de la vie». Le Sauveur offre encore au monde cette eau qui désaltère la soif profonde de l'âme. C'est encore le temps d'inviter les gens à accepter la révélation de l'amour de Dieu.

Nous voici donc placés devant trois questions pratiques. Prions-nous le Seigneur en lui disant: «Viens»? Reconnaissons-nous notre devoir envers nos frères et sœurs dans la foi qui ne sont pas encore pénétrés de l'espérance chrétienne, ou qui peut-être ne la connaissent même pas? Et avons-nous à cœur d'inviter tous les hommes à venir au Seigneur Jésus?

Je viens bientôt

«Celui qui rend témoignage de ces choses dit: Oui, je viens bientôt. — Amen; viens, Seigneur Jésus!» (Apocalypse 22:20). C'est la ferme promesse de notre Seigneur. Il vient bientôt. Cela devrait rendre plus instante notre prière: «Amen, viens, Seigneur Jésus!»

Le Nouveau Testament se termine sur la note de la grâce: «Que la grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec tous les saints» (verset 21) — alors que l'Ancien se terminait par l'annonce du jugement (Malachie 4:6).

C'est la grâce qui nous a sauvés, c'est la grâce qui nous amènera dans la maison du Père, et c'est la grâce qui nous porte dans le temps actuel. Cette grâce, nous la possédons dans la personne du Seigneur Jésus, l'éternel «Je suis…».