Lectures hebdomadaires

Vous trouverez chaque vendredi, sous cette rubrique, un commentaire sur le livre de l'Exode.

Livre de l'Exode

Edward Dennett

Chapitre 3, versets 7 à 22

Ch. 3:7-10

1) L’ordre dans lequel cette communication est faite est très instructif.

Dieu se révèle comme le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Son caractère est le fondement de tout ce qu’il fait. Cette leçon, à savoir que Dieu trouve toujours en lui-même son motif pour agir, est bien de nature à fortifier l’âme qui l’apprend. Il agit sur la base de ce qu’il est Lui, et non pas de ce que nous sommes, nous (comparer Éph. 1:3-6; 2 Tim. 1:9, 10).

2) Ce qui l’a amené à intervenir, c’est la condition de son peuple. «L’Éternel dit: J’ai vu, j’ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu le cri qu’il a jeté à cause de ses exacteurs; car je connais ses douleurs...»  (v. 7). Quelle tendresse de sa part! Rien n’indique que les enfants d’Israël avaient crié à l’Éternel. Ils avaient soupiré et crié à cause de leur esclavage, mais nous ne voyons pas qu’ils se soient tournés vers l’Éternel. Pourtant, leur misère avait touché son cœur, il connaissait leurs douleurs et était descendu pour les délivrer. Ainsi «Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous» (Rom. 5:8).

3) Son propos était de délivrer le peuple d’Égypte, «pour le faire monter de ce pays-là dans un pays bon et spacieux, dans un pays ruisselant de lait et de miel, dans le lieu d’habitation du Cananéen, et du Héthien, et de l’Amoréen, et du Phérézien, et du Hévien, et du Jébusien» (v. 8). Il n’y a ici rien entre l’Égypte et Canaan. Le désert n’est pas mentionné. De la même manière, nous lisons dans les Romains que «ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés». Nous apprenons ainsi, comme cela a souvent été remarqué, que le désert ne fait pas partie du propos de Dieu. Il se rattache à ses voies, non pas à ses plans éternels, car c’est dans le désert que la chair est mise à l’épreuve; c’est là que nous apprenons ce que nous sommes et aussi ce que Dieu est (voir Deut. 8). Mais pour ce qui concerne les plans d’amour de Dieu, il n’y a rien entre la rédemption et la gloire. Et en réalité, il n’y avait que onze journées de chemin depuis Horeb jusqu’à Kadès-Barnéa (Deut. 1:2), mais, à cause de leur incrédulité, il fallut quarante ans aux enfants d’Israël pour parcourir cette distance.

4) Moïse est alors établi pour les délivrer. L’Éternel avait entendu le cri du peuple, bien qu’il ne lui fût pas adressé; il avait vu leur oppression, et ainsi il va envoyer Moïse vers le Pharaon, pour les faire monter d’Égypte (v. 9, 10).

Doutes et craintes

Nous arrivons ici à une très triste défaillance de la part de Moïse. En Égypte, il avait couru avant d’être envoyé; il croyait pouvoir délivrer ses frères, ou du moins redresser les torts qu’ils subissaient, dans l’énergie de sa propre volonté. Mais maintenant, après quarante ans passés dans les solitudes du désert, non seulement il n’est pas disposé à être employé pour la belle mission que l’Éternel veut lui confier, mais il soulève objection sur objection; il va jusqu’à lasser la patience et la miséricorde de l’Éternel et à embraser sa colère contre lui (4:14). Mais chaque nouveau manquement de Moïse devient l’occasion de manifester une grâce plus grande — bien que par la suite, Moïse aura à souffrir tout au long de sa vie de son peu d’empressement à obéir à la voix de l’Éternel. Triste histoire de la chair! Ou elle est impatiente, ou elle est trop lente. Un seul a toujours été à la hauteur de toute la volonté de Dieu, Un seul a toujours fait les choses qui lui plaisent, le parfait Serviteur, le Seigneur Jésus Christ. Considérons cette série de difficultés soulevées par Moïse.

«Et Moïse dit à Dieu: Qui suis-je, moi, pour que j’aille vers le Pharaon, et pour que je fasse sortir hors d’Égypte les fils d’Israël» (v. 11). « Qui suis-je, moi?» Il est tout à fait convenable d’avoir le sentiment de notre néant total. Mais il convient également d’avoir une haute estimation de Dieu. Car quand il envoie, il ne s’agit pas de ce que nous sommes, mais de ce que lui est, et ce n’est pas peu de chose que d’être investis de son autorité et de sa puissance. David a appris cette leçon lorsqu’il s’avance contre Goliath; en réponse à ses insultes, il déclare: «Moi, je viens à toi au nom de l’Éternel des armées, du Dieu des troupes rangées d’Israël, que tu as outragé» (1 Sam. 17:45). Cette objection de Moïse n’était donc rien d’autre que du doute.

Cela paraît clairement dans la réponse qui lui est donnée: «Parce que je serai avec toi; et ceci te sera le signe que c’est moi qui t’ai envoyé: lorsque tu auras fait sortir le peuple hors d’Égypte, vous servirez Dieu sur cette montagne» (v. 12). La présence de l’Éternel serait à la fois le garant de sa mission et la source de sa force. Comme l’Éternel le dira plus tard à Josué: «Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point. Fortifie-toi et sois ferme» (Josué 1:5, 6). L’Éternel connaît les besoins de son serviteur et pourvoit à sa faiblesse en donnant un signe qui devrait le rassurer, si la subtilité de son cœur devait l’amener à douter, et lui permettre de dire: «J’ai maintenant une preuve que ma mission est divine». C’était certes suffisant pour dissiper son hésitation et sa crainte. Écoutons sa réponse: «Et Moïse dit à Dieu: Voici, quand je viendrai vers les fils d’Israël, et que je leur dirai: Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous, et qu’ils me diront: Quel est son nom? que leur dirai-je?» (v. 13).

JE SUIS CELUI QUI SUIS

Dieu s’était déjà révélé à Moïse comme le Dieu de ses pères; cela aurait dû suffire, mais rien ne satisfait jamais les doutes et les craintes. Et cela trahit incidemment la condition d’Israël: la supposition que le peuple ne connaissait pas le nom du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob pourrait se concrétiser! Dieu supporte avec grâce son serviteur faible et hésitant; il répond: «JE SUIS CELUI QUI SUIS. Et il ajoute: Tu diras ainsi aux fils d’Israël: JE SUIS m’a envoyé vers vous» (v. 14). C’est l’expression de l’être essentiel de Dieu, son nom comme Celui qui est; et, par conséquent, l’affirmation de l’éternité de son existence. Le Seigneur Jésus a revendiqué ce nom lorsqu’il a dit aux Juifs incrédules: «Avant qu’Abraham fût, JE SUIS» (Jean 8:58). Mais ce n’est pas tout. Après s’être révélé quant à son existence essentielle, il ajoute: «Tu diras ainsi aux fils d’Israël: L’Éternel, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous: c’est là mon nom éternellement, et c’est là mon mémorial de génération en génération» (v. 15). C’est pure grâce de la part de Dieu. «JE SUIS, est son nom essentiel lorsqu’il se révèle; mais quant à son gouvernement de la terre et ses relations avec elle, son mémorial dans tous les âges est: le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Cela a donné à Israël, visité maintenant par Dieu et reçu sous l’abri de ce nom, une place toute particulière». Nous avons là une allusion à leur élection par la grâce souveraine de Dieu et à leur position de bien-aimés à cause des pères. Nous voyons également une révélation du fait qu’Israël sera à toujours le centre des voies de Dieu et la clé de ses plans par rapport à la terre se trouve révélée. Ainsi, tant qu’Israël est sous le jugement, dispersé à travers le monde, la période de bénédiction terrestre est différée.

C’est par conséquent sous ce nom que Dieu se présente pour les délivrer; car dès qu’il le prend, il admet dans sa grâce que le peuple qu’il a mis en relation avec lui a un droit à sa miséricorde et à sa compassion. D’où les instructions détaillées qui sont maintenant données à Moïse (v. 16-22), dans lesquelles toute l’histoire de la controverse de Dieu avec le Pharaon est développée jusqu’à son résultat final dans la délivrance de son peuple. Moïse doit d’abord assembler les anciens d’Israël pour leur dire que l’Éternel, le Dieu de leurs pères, lui était apparu et lui avait communiqué les desseins de sa grâce envers eux, en les faisant monter hors de l’affliction de l’Égypte dans un pays ruisselant de lait et de miel (v. 16, 17). Il lui est annoncé qu’ils écouteraient sa voix et qu’ensemble, lui et eux, iraient demander au Pharaon la permission d’aller le chemin de trois jours dans le désert, afin de sacrifier à l’Éternel, leur Dieu (v. 18). Il est ensuite prévenu de l’opposition obstinée du Pharaon; mais il lui est aussi déclaré que Dieu s’occuperait lui-même du roi d’Égypte et qu’il le contraindrait à les laisser aller; enfin, que lorsqu’ils s’en iraient, ils ne partiraient pas à vide, mais qu’ils dépouilleraient les Égyptiens (v. 19-22)1. Ces instructions sont importantes pour tous les temps; car elles établissent sans aucun doute possible la préconnaissance exacte de Dieu. Il savait à qui il avait affaire, la résistance qu’il rencontrerait, et comment il en viendrait à bout. Il voyait tout du commencement à la fin. Quel encouragement pour nos faibles cœurs! Aucune difficulté, aucune épreuve ne peut nous surprendre qui n’ait été prévue par notre Dieu, et pour laquelle, dans sa grâce, une ressource n’ait été préparée! Tout a été prévu à l’avance en vue de notre triomphe final et de notre sortie victorieuse de cette scène, par la manifestation de sa puissance en rédemption, pour être avec le Seigneur pour toujours! Moïse allait certainement être satisfait cette fois.

1 Certaines traductions indiquent que les Israélites ont reçu l’ordre d’«emprunter» les biens des Égyptiens, la veille de leur exode, ici (Exode 3:22) et au chapitre 11:2; cela a fait l’objet de controverses. Or le sens du mot hébreu ne renferme pas la pensée d’«emprunter». Il signifie simplement «demander». Le contexte montre que grâce à l’intervention de Dieu, les enfants d’Israël trouveraient «faveur... aux yeux des Égyptiens»; et ceux-ci, amenés à réaliser que les Israélites avaient été maltraités par eux, leur donnèrent volontiers ce qu’ils demandaient — comme une espèce de compensation vraisemblablement — bien que sachant parfaitement qu’ils ne reverraient jamais les Israélites. Il s’agit donc de dons inconditionnels.

À suivre